À l’aube des Jeux olympiques de Paris 2024, les spéculations vont bon train sur l’héritage que représente cet évènement pour le pays organisateur. Si toutes les hypothèses sont permises, seuls les bilans des précédents Jeux apportent des réponses factuelles. Zoom sur le marché immobilier de l’après JO à Barcelone, Londres et Rio.
Les Jeux olympiques de Barcelone sont considérés comme un grand succès en termes d’accélération du développement urbain. D’après une étude publiée dans L’Économie politique, ils ont servi à :
L’attractivité touristique de la ville a fortement contribué au dynamisme de son marché immobilier, sans qu’il soit aisé d’estimer la conséquence des JO seuls sur la valeur des logements.
On peut noter qu’entre 1986 et 1992 (moment de l’attribution des Jeux jusqu’à l'événement), le nombre de biens mis en vente a doublé, pendant que la construction de logements sociaux s’écroulait. Cette situation aurait été déterminante dans l’augmentation des prix de l’immobilier dans la ville organisatrice. Ces prix ont flambé (+ de 200 %) sur cette période, provoquant l’exode de 59 000 personnes.
On retrouve un phénomène similaire du côté de Londres. La désignation de la ville comme hôte des JO 2012 a eu un réel impact sur le prix des logements londoniens, notamment dans les zones des sites olympiques.
Entre 2012 et 2016, période suivant les Jeux, les prix de l’immobilier à proximité de ces zones ont augmenté de 53 % en moyenne, allant jusqu’à 112 % entre 2005 et 2016.
Le village des athlètes est devenu résidentiel et chic et les promesses de rénovation d’autres quartiers n’ont pas été tenues. Conséquence : un exil des populations aux revenus les plus faibles.
En effet, la candidature de Londres envisageait de mettre sur le marché, suite aux Jeux : 49 % de biens à prix abordables et 51 % à des prix de marché au sein du village olympique (East Village). En 2016, cette approche a été revue, conduisant à seulement 31 % de logements abordables.
Les nouvelles infrastructures sportives et de transport bénéficient donc aux logements de l’est londonien et à l’East Village, désormais occupés par une population plus aisée.
Les Jeux olympiques de Rio diffèrent des précédents exemples avec :
Tout d’abord, Rio a fait le choix d’implanter les nouveaux équipements en priorité dans des territoires aisés de la ville. Sur le plan économique, le Brésil vit un redémarrage en 2016, au moment où il est nommé pour recevoir les Jeux. Le pays entreprend déjà des travaux pour accueillir la Coupe du monde de football 2014. Ces circonstances cumulées vont provoquer une hausse des prix immobiliers de 234 % sur la période 2008-2016.
La crise économique de 2015 bouleverse le marché, mais Rio reste la ville où l’immobilier est le plus cher du Brésil. Suite aux JO, elle reconvertit le village olympique en logements de standing uniquement, contrairement à Londres et Barcelone qui avaient aussi prévu des logements sociaux.
Toutefois, les travaux d’adaptation pour ces logements ont pris du retard et une baisse de l’immobilier a été relevée dans la ville à partir de 2015. La commune décide donc en 2017 de ne mettre en vente que 10 % des logements prévus.
On constate que l’impact des JO s’imbrique dans un contexte complexe, selon la situation économique et les stratégies de développement de chaque pays. Si Paris opte pour une démarche visant à redynamiser un territoire défavorisé (La Plaine-Saint-Denis), comme à Londres et à Barcelone, on ne peut pas forcément en déduire que l'héritage des Jeux sera similaire. Alors, quelles conséquences peut-on attendre des JO 2024 pour Paris ? Découvrez notre article sur le sujet !
